jeudi 27 décembre 2007

Confessions d'âme

En cette soirée d'hiver, je marche sereinement, le coeur léger en paix, pourtant un dysfonctionnement s'est infiltré dans l'engrenage de mon âme qui, en montant l'escalier, ne peux contenir l'acide qui coule à flot en déversant toute sa peine, alors je stoppe mon ascension et me couche net sur le rebord, de façon à attendre que l'orage passe.

Le plus gênant dans cela, c'est l'incompréhension, tout allait bien cinq minutes avant, alors je pose la question à mon fort intérieur, espérant une réponse logique, mais ... Rien, aucunes explications. Alors je me fige, impassible, velléitaire, les yeux dans les étoiles, cherchant un signe au loin pour m'apaiser un tant soit peu, mais rien ... Rien du tout.

Puis soudain, une âme bouge à côté de mon corps. Suis-je aveugle ? Je ne l'ai même pas vue, sentie, ni entendue m'accoster. Mais que fais-tu là ? Elle ne répond pas, mais déblatère sans cesse, racontant en boucle ses problèmes, son histoire en s'accrochant à moi tel un trombone à un aimant, ce sont donc tes lamentations qui m'attristent ? Apparemment, l' instinct qui t'as guidé vers moi, ne t'a pas expliqué les raisons de cette attirance. Ô Seigneur, quelle souffrance ! Comment peux-tu laisser tes agneaux dans les limbes ?

A cette révélation, l'écluse se ferme, laissant revenir l'espoir ainsi que la bonne humeur. Je la prends sous mon aile, l'invite à une table, elle m'adjoint mais n'arrête pas de parler, la communication semble impossible, pourtant je ne perds pas courage et de toute ma volonté, de ma piété, je commence mon récit, nos deux âmes communient dans une douce chaleur immaculée, alors l'âme se tait enfin, tout son désarroi disparaît dans une traînée de plumes blanches, puis sans m' en rendre compte, elle est déjà parti pour un long voyage. Sans doute a t'elle réussi à trouver la clé.

Va, va âme libre, laisse toi entraîner par la lumière, n'ai plus peur, réitère ton cycle de vie dans la continuité de ton parcours.

dimanche 16 décembre 2007

Bienvenue à Kemet # 5 La fin du début

Mon Oncle avait bel et bien pris les choses en main, les réunions secrètes défilaient, réunissant plus de personnes à chaque fois. Ce soir là, nous étions au nombre de quinze personnes, ce qui fait beaucoup pour garder un secret intact, mais apparemment, toutes étaient de confiance car elles avaient un intérêt commun très important dans cette affaire, cependant, ce n'était qu'un maigre nombre par rapport à tous les partisans. Pour pallier à cette future dictature, certains avaient des idées plus ou moins saugrenues, même si quelques unes paraissaient réalisables, elles n'étaient pas efficaces, voire longues dans le temps.

Non, ce qu'il fallait, c'était une action dans les plus brefs délais qui nous apporterait une réussite rapide, complète, quelque chose qui marquerait son passage en produisant assez de dégâts pour qu'un retour en arrière soit impossible ensuite, mais vu l'entêtement de Pharaon, il ne restait malheureusement qu'une seule possibilité, car tout avait déjà été tenté grâce à la diplomatie et le blocus de la part de la prêtrise, l'écarter pour de bon de la royauté, "un accident est si vite arrivé de nos jours" disait un des partisans à l'assemblée.


Malgré cela, je ne pouvais m'en remettre au meurtre, mais avait-on le choix? Apparemment non, d'ailleurs la réunion avait pris ce tournant, en concrétisant ma peur, Djehouti le savait, il m'avait prévenu en rêve, je savais également qu'il ne me pardonnerait jamais ce manque de droiture, cela tournait dans ma tête, oui ? Non ? Que dois-je faire ? Ai-je le choix ? Pourquoi me suis-je mis dans ces problèmes ? Il faut pourtant que j'assume, alors j'inclinais la tête en signe d'approbation en ajoutant : "Je participe mais je ne serais pas l'exécuteur".

Mon Oncle nous exposa alors son plan, il était parfait, si parfait qu'on aurait cru qu'il le préparait depuis des mois, d'ailleurs c'est l'intervention d'un de ses proches qui m'enleva le doute : "lorsque tu nous à parlé de ton Neveu la première fois, je t'avoue que je n'y croyais pas, mais là je reprends espoir ...". Mon Oncle le coupa en reprenant la discussion comme si de rien ne s'était passé, trop tard j'avais entendu. Je faisais mes conclusions en repensant à cette matinée ensoleillé où il est venu, plein d'espoirs et d'ambitions, me chercher dans mon petit village, il connaissait mes aptitudes et voulait en tirer partie en m'entraînant le plus possible, puis en me positionnant correctement au sein de Pharaon, la preuve, je restais le maillon essentiel de son plan. Mes doutes étaient bel et bien fondés, j'étais dorénavant le roi des naïfs, le lion pris au piège par des filets tendus depuis des mois, je me sentis trahi mais ne dit mot comme si je n'avais rien saisi.

La nuit fût riche en rêves ou plutôt devrais-je dire en cauchemars de tous genres, je ne me souviens que des grandes lignes, avertissements de Djehouti, trahison, meurtre, sethesh, j'ai eu à un moment, l'impression de voir défiler ma vie entière ainsi que ma destinée, mais impossible de me rappeler les détails qui auraient pu m'éclaircir vraiment. Ce matin là, je me réveillais avec une envie réelle de meurtre, mais pas pour celui à qui c'était destiné, à l'abominable ventru qui croule sous l'opulence, le plaintif qui n'en a jamais assez, l'arrogant, le manipulateur qui me sert d'oncle, ma famille, mon sang, quelle bêtise de penser que ce genre de lien est une assurance de confiance, j'étais énervé, chamboulé, complètement en dehors de la réalité et la journée ne faisait que commencé car j'avais un travail à effectuer pour la mise en place du plan, enfin son plan, préparé à mon insu, exclusivement pour moi.

En premier lieu, insérer l'activation de la peur dans le Ka des serviteurs, juste avant le début de la réunion, de façon à ce qu'une foule de panique se crée, en se dirigeant vers Pharaon pour le bousculer, le mettre à terre en le piétinant, puis faire de même aux gardes pour les éloigner. Afin que tout cela ressemble à un accident, j'avais même prévu en dernier lieu, au cas où il se relèverait, qu'un serviteur plus épais que les autres lui fracasse le crâne contre un pilier en pierre, tout était parfait, du moins le pensais-je.

Le jour J arriva, je me postais derrière une des nombreuses colonnes en pierre de la salle, en attendant le spectacle, une capuche sur la tête au cas où des prêtres un peu plus forts ou rapides que la moyenne, aient le pouvoir ou le temps de me voir, avant que je puisse toucher leur Ka pour me rendre invisible à leurs yeux. J'étais serein bien que mon shout grandissait dangereusement en étant épais, écarlate, cet accroissement de puissance à ce moment, m'a rendu plus sur de moi que je ne l'étais avant.

L'attente fut longue, mais je ne perdis pas patience, Pharaon était assis sur son trône, posé à même le sol de pierre, dans une antichambre un peu à l'écart, une grande porte donnait directement dans la cour de cérémonie et une seconde un peu plus au fond, cachée à côté d'une vaste étendue de grandes et épaisses colonnes, c'était par cette voie que les serviteurs empruntaient pour faire office, également par ce passage que l'ordre de panique devait être faites.

Il était vêtu en apparat scintillant couleur or, comme à l'accoutumé des grandes cérémonies. Il était dans l'expectative, assis dans cette pièce avec des amuse-gueule, pour le faire patienter, en effet, le protocole exigeait que tous les membres du congrès soient présent avant que Pharaon ne sorte de son logis, le retard était prévu par un ami à mon Oncle, de même que les autres portes menant aux cuisines des serviteurs devaient être bloquées par un complice, de façon à ne laisser ouverte que celle menant à Pharaon.

Le glas sonna, tout se précipita, les serviteurs arrivèrent promptement en faisant un vacarme tonitruant, suivi des gardes cherchant le problème à l'extérieur, Pharaon regardait dans tous les sens, comme une girouette, sans comprendre la raison de cette agitation, il fit, comme prévu l'erreur de se lever, dés lors, la foule telle une crue torrentielle, dévala prestement de toute sa traîtrise en perdurant de sa longueur, piétinant tout sur son passage en se débarrassant des obstacles tel un aveugle en panique.
Il virevolta, retomba à terre sous le piétinement des dizaines de serviteurs qui fuyaient, j'entendis ses os rompre un à un, d'abord dans un craquement violent, puis plus sourdement.

Lorsque la meute eu fini son office, je me tournais pour visualiser son corps émietté, de façon à admirer mon art, il ne bougeait plus, alors le gros larbin passa à côté de lui sans le toucher, ce fût là mon erreur, je pensais que ce jeune roi était plus vif, mais non, il remua une minute trop tard, alors, sereinement, je me suis dirigé vers lui, en tâtant au bas de mon dos, pour attraper mon poignard de cérémonie, puis je m'agenouillai à côté de son corps meurtri, à son regard je compris qu'il était surpris de ma présence, il me supplia des yeux en m'implorant de l'aide, c'est alors qu'il aperçu le couteau s'élevant dans ma main droite, mon expression vide, dénuée de sentiments, lui fit comprendre que c'était la fin, alors, lorsque mes mains furent jointes, je l'assenai en plein coeur de ma lame à trois reprises.

Et puis plus rien, le vide absolu, comme si à ce moment précis ma mémoire avait grillé.
Alors, j'ouvre les paupières, je suis dans mon lit, les yeux rivés au plafond, m'étonnant de cette résurgence et abasourdi de la violence des derniers instants de cette histoire, vécue sûrement il y a cinq mille ans. Mon Dieu, que ces détails sont troublants, le Shout, trop puissant à certainement dû errer à côté de moi durant toutes ces années.




FIN

samedi 8 décembre 2007

Bienvenue à Kemet # 4 Prise de position

Mon enseignement étant terminé, le Prêtre-Instructeur me donna une semaine pour finir mes préparatifs de départ et prendre mon nouveau poste auprès de mon Oncle, dans son nome.

Cependant, je ne pouvais partir sans savoir exactement ce qu'il y avait dans la grande pyramide, mais comment gruger les gardes qui sont à l'entrée ? Cela restait un problème essentiel, le seul obstacle à la réponse à ma curiosité. Je passais une nuit à réfléchir sur toutes les façons et tactiques dont je pourrais user, je pensais à me rendre invisible à leurs yeux ou les occuper quelques temps loin de l'entrée, ce qui me donnerait le temps d'entrer, mais je ne savais pas quel était leur niveau mental et il fallait absolument que je les teste. Ce que je fis le soir même, je m'approchais discrètement à quelques mètres d'eux, posté derrière un palmier et je me concentrais sur leurs Ba, tout doucement, de façon à bien peser leurs faiblesses ainsi que leur endurance. Les résultats ne furent pas concluants, ils étaient entraînés, décidément il doit vraiment y avoir quelque chose d'intéressant à l intérieur. Je battais en retraite, toutes mes tentatives sont restées vaines, forcer un peu plus m'aurait fait découvrir et ce n'était pas le but.

Dans ma misérable chambre, allongé sur la natte, je repensais, mais comment faire ? Il doit bien y avoir une solution non ? Il y en a toujours une. Soudain une voix répondit à mes questions : "Le Ka, détache ton Ka et fait le voyager dans la Pyramide, cela va pallier à tous tes problèmes." Djehouti était bien avec moi, pas de doute à avoir. Curieux de cette proposition, je me préparais, puis je m'exécutais. Mon double énergétique complet se leva, en laissant mon enveloppe corporelle dans ma chambre. C'était si facile, pourquoi n'y ai je pas pensé plus tôt?

Arrivé devant la pyramide, j'évitais de toucher les gardes qui étaient à mon avis très sensibles, évitons de donner des suspicions inutiles. Maintenant à l'intérieur, je parcourais le bâtiment pour trouver l'entrée de la grande salle, tout en traversant les murs épais, mes sens étaient tous en éveil, je suivais les traces de cette puissance, qui m'attirait à lui comme un aimant. Lorsque j'arrivais à destination, quelle ne fût pas ma surprise, j'avais en face de moi un simple échassier sur un bloc de pierre, dont une des pattes était attachée à une chaîne, reliée via un demi anneau sur la face haute de la pierre, sa seule originalité ressemblait à une espèce de longue crête sur le crâne, faite de plumes comme implantées à même la peau. Je faisais le tour de l'oiseau, perplexe et interrogatif, lui, faisait pareil de ses petits yeux effilés, il me voit ? Pensais-je.

- "Bien sur que je te vois, crois tu que ton apparence astrale peut passer inaperçu au Benou?" Sa voix était tiède dans ma tête, elle me parvenait comme une douce chaleur et emplissait le tout sans me heurter, preuve d'une maîtrise excellente du Ba.

- "Es tu un Dieu ?" Lui demandais-je.

- "Je suis ce que je suis mais rien ne se rapproche de ce que tu connais, rien dans cet univers m'est comparable, je suis unique, né avec les étoiles, je mourrai avec elles."

- "Mais que fais tu ici ? Pourquoi es tu là? Ne puis-je rien faire pour toi?

A toutes mes questions, il y répondit simplement en s'embrasant, tout en m'enserrant de ses ailes déployées, l'air crépitait de chaleur intense, due à ses flammes et je sentis une onde me parcourir, envahir mon âme, la purifier, m'enlevant toutes entraves. "Pars maintenant, ils arrivent, ne t'inquiète donc pas de mon sort, mon calvaire est bientôt fini, ils ne peuvent plus me retenir dorénavant et chéris précieusement mon offrande".

La semaine passa très vite, mais c'est quand même avec un pincement au coeur que je quittais le complexe, même si l'excitation de la nouveauté me gagnait encore une fois, après tout ces mois d'attente pour arrivée au but promis. Mon Oncle me logea chez lui, il possédait une demeure très vaste, me permettant le choix de mes appartements. Je me mettais à mes aises, rien de très folichon, la rudesse des mois précédents m'avait appris l'humilité et à n'avoir besoin que du strict nécessaire. Le premier soir, autour du repas, mon Oncle me briefa sur mon nouveau travail qui consistais juste a prendre le relais d'un temple de son nome, rien de très dur en somme. Il insista sur le fait que cela n'était qu'un tremplin pour moi et qu'il s'arrangerait pour me trouver un poste de valeur au sein même de pharaon, car il croyait en moi, et, d'après ses dire, je ne le décevrais sûrement pas. Comme pour les premiers jours de mon arrivée, il flattait la prétention de mon ego, déjà bien entamé depuis qu'il était venu me chercher.

Il me demanda également si j'étais au courant de la nouvelle tendance politique de Pharaon, réduisant le pouvoir des prêtres à son profit, je lui répondis que oui, mais sans me laisser terminer ma phrase, il continua à pester contre cette décision, qui allait contre des centaines d'années de pratiques politiques, en s'insurgeant contre cette idée de réduire les cultes à quelques uns. Ces arguments semblaient sincères, dénoués de tout avantages personnels, mais quelque chose n'était pas clair, il insistait trop, où voulait-il en venir au juste ?

Comme je le pensais, je me fis très vite au travail, simple en apparence et enrichissant dans le fond, car je pouvais enfin allier la théorie à la pratique. Mais à peine trois mois après, il vint m'annoncer mon transfert dans la capitale, sous la protection d'un de ses nombreux amis, comme promis à ma sortie du complexe. Je trouvais ce changement rapide, puis quelque chose me disait que je venais d'être pris en otage par le simoun, sans que rien ne puisse dorénavant arrêter cela.

A peine avais-je pris mes habitudes, que je devais tout refaire à nouveau, la fatigue commençait à se faire sentir mais ce n'était pas le moment de flancher, ce n'était que le début de l'aventure pour moi.

Une semaine plus tard, me voila donc installé dans le nome principal, le luxe tout autour mais pas pour les prêtres qui viennent d'arriver, peu importe, j'ai vu pire surtout par rapport à ma chambre du complexe. Tout commence pour le mieux, le premier jour se passe aux présentations des personnes importantes, de mes attributions en tant que prêtre de Djehouti ainsi que du temple que j'aurais à m'occuper. Mon travail consiste surtout aux invocations pour transmettre les prières, purifier, ainsi que visiter à domicile jusqu’aux demandes spéciales. Le plus dur pour moi sont les manipulations de l'Hekaou, bien qu'étudié je ne l'ai pas trop approfondi, mais cela reste aussi une lacune que je m'empresse de combler dans la somptueuse bibliothèque de Pharaon, prévu pour les dignitaires et prêtres supérieurs dont je fais parti maintenant.
Les réceptions et fêtes de toutes sortes afflues en permanence que ce soit de la part de mon Oncle ou celles prévues par ma fonction, c'est d'ailleurs à l'une d'elle que j'ai eu l immense honneur de rencontrer Pharaon. Toujours entouré de gardes autour de son trône, majestueux au possible avec son habit d'or, coiffé du Skhemty lui conférant le pouvoir des deux terres louées des Dieux. Sa beauté égalait sa froideur, il inclinait juste la tête pour saluer, mais ne parlait à personnes et personne n'osait l'approcher de peur de se voir refouler.

Dire que j'étais impressionné par le personnage, est très loin de la vérité, j'étais fasciné, désireux de le connaître a contrario des autres. Je n'arrêtais pas de le fixer, pourtant même ses pensées restaient secrètes, rien ne transparaissait, que de la noblesse, une vanité logique pour son rang, rien de plus. Les jours défilèrent, son visage m'obsédait, sans comprendre réellement pourquoi, j'avais l'impression d'avoir senti quelque chose, néanmoins je n'arrivais pas à accéder à l'information. Un jour, il me fit appeler dans ses appartements, il désirait lui aussi me connaître, connaître le nouvel arrivé indubitablement, me dis-je. Je fus reçu dans son jardin, royaume de mille fleurs et plantes inconnues à Kemet, sûrement importées du pays des deux fleuves.

Nous commençâmes par parler de généralités, mes fonctions, les problèmes différents au sein de la prêtrise, du pays, un peu de mon passé, cependant toujours succinctement, comme s'il ne voulait pas rentrer dans les détails, pour que son but reste invisible. Il me proposa une partie de Senet, que je refusais poliment, il insista, je lui rétorquais que je ne savais pas jouer, alors avec un sourire chaleureux et de toute sa simplicité il m'apprit. J'étais un peu gauche au début, timidité oblige, mais ses rires juvéniles m'ont vite mis à l'aise, le jeu est vite devenu un plaisir. Dés lors, je fus souvent convié à jouer avec lui, du coup, nous passâmes des moments complices.

Les réceptions de mon Oncle étaient moins solennelles, on y parlait surtout de politique, d'avenir, en buvant de la bière jusqu'à plus soif, certains même se laissaient aller à du libertinage dans les jardins, une fois la fin de soirée arrivée, il ne resta qu'un petit comité qui me donnait des nouvelles du pays, surtout par rapport à mon poste, comment cela allait évoluer, mais leurs renseignements ne semblaient pas surs, restaient même un tantinet dans l'absolu. De toutes façons ce n'était pas clair, j'aurai voulu en parler à Pharaon mais je n'osais point.

Enfin, jusqu'à ce jour, cela m'a pris en pleine partie de Senet, comme si un insecte Bit m'avais piqué : "Des rumeurs circulent en ce moment sur la réduction des postes de prêtres et du pouvoir exécutif qui leur avait été donné, qu'en est il à votre sens ?"
- "Les prêtres se servent de ce pouvoir pour assombrir le mien et m'obliger à suivre leurs mouvements, ce n'est effectivement pas une rumeur infondée" me dit-il en déplaçant nonchalamment une pièce qui me coûta la partie.

Ils avaient donc raison ces bourgeois prétentieux, obsédés par le pouvoir, la colère me prit, je le fixais avec tout mon calme habituel, pourtant à l’intérieur, la tornade avait pris mon esprit. Je n'ai jamais voulu prendre position, ni me mettre dans un camp mais cette réponse m'y oblige. "Qu'en sera-t il de mon poste ?" demandais-je.

- "Les Prêtres mineurs partiront, quant au votre ce n'est pas encore décidé, bien que le culte que vous exercez n'est pas prioritaire."

Je me levais, avec un certain malaise, m'excusa poliment pour mon départ brusque et me mis en route, sur le chemin mes pensées fusaient, mon énergie tout autour devenait de plus en plus épaisse, les gens qui me croisaient me regardaient avec étonnement. Mes réflexions étaient bel et bien très négatives. Tous ces efforts pour en arriver à une voie sans issue, à cause d'un écervelé pas plus haut que trois noix, qui à envie de laisser des traces historiques de son passage, par une réforme réductrice. Je ne me laisserai pas faire, me dis-je dans ma tête, je lutterai pour garder mon dû.
Le lendemain je fis part à mon Oncle de la discussion avec Pharaon, ce fut là sûrement mon erreur, mes doléances l'émurent énormément, puis il me proposa de rencontrer des amis à lui pour trouver une solution adéquate qui me sortirait de cette panade. Cette nuit là, je fis des rêves étranges, presque réels où tout s'entrechoquait, sans que je puisse maîtriser quoi que ce soit, des voix me parlaient, mais je n'arrivais pas à toutes les entendre avec précision, tout était confus et le réveil s'est très mal passé, le malaise continua encore toute la journée ainsi que les jours qui suivirent. Je continuais à jouer avec Pharaon, pourtant quelque chose était cassé et de cette relation prometteuse ne restait qu'une pathétique relation polie de Roi à Prêtre.

vendredi 7 décembre 2007

samedi 24 novembre 2007

Un ange passe


Des centaines de cris résonnent dans ma tête mais ne sortent pas de ma gorge, dès lors, tout l'euphémisme de Munch devient perceptible, les lamentations partent au loin en s'envolant vers l'infini, le corps tressaille et m'oblige à regarder vers leurs destinations... Les nuages. Tout mon être s'arrache à lui même pour ne donner qu'un malaise emplit d'incertitudes, de questions, de réponses où la vérité se mélange à des anciennes convictions devenues obsolètes, voire fausses, une ineptie qui, maintenant, me fait sombrer dans les limbes.

Ensuite s'ensuit les inconvénients d'un saut, il n'y a qu'un point positif : La délivrance. Mais tout le reste me raccroche à la rambarde, alors dans un dernier espoir, instinctivement, je me rappelle que je ne suis jamais seul, une prière s'élève hors de ma bulle, vers mon amie qui vient à mon secours immédiatement, comme si elle s'était préparée en entendant ma voix sourde.

Ses voiles cristallins flottent dans l'air en retombant sur le rebord de sa destination. Ce n'est pas toi ! Mais je te reconnais, tu es la soeur de mon désespoir et la conséquence de mes actes voulus, il est logique que ce soit toi qui vienne me réconforter, écouter mes griefs lancinants en ne portant aucun jugements, aucun reproches, que de l'espoir pour les événements futurs de ma vie. La sérénité me gagne, m'enveloppe en me soignant, me libérant de tout ce fardeau que je porte tel un vigneron à la fin des vendanges. Me voilà paisible par ta compréhension, m'offrant le recul de ta vision que je ne possédais pas, tout s'éclaire soudain en percevant ta vérité.

Le néant m'habille de ses vertus me réchauffant de sa sécurité, je me laisse aller dans la ouate du réconfort en embrassant Morphée, les brèches se refermeront d'elles même grâce aux songes et le matin sera un tout nouveau jour, qu'il en soit ainsi.

Ishtar in ne wyomi.

jeudi 8 novembre 2007

Préface à la vie


Il y a des moments où le poids de la vie s'abat inexorablement sur l'être, cette âme qui n'a jamais demandé à exister, ni à être active dans ce monde qui tourne en rond, pourtant, elle est là, présente, et elle fait de tout son mieux pour vivre en se débattant.

Observe ce fétus qui s'accroche à son cordon et tu comprendras que, dès cet instant la machine infernale de la lutte a été mise en place. Vivre, tel est le but, vivre mais pourquoi? Dans quel but? On a beau se trouver des excuses, on ne sait toujours pas les desseins de mère nature, la vie et ses choix sont un mystère que l'on se doit de respecter, mais est-ce vraiment pour notre bien personnel ou communautaire?

Je veux vivre et pourtant je me tue un peu plus tout les jours, petit à petit, juste en respirant ou en marchant, n'est ce pas aberrant de vivre pour mourir? J'ai toujours pensé que ce corps éphémère abritait une âme immortelle qui se sustentait de connaissances, dans l'espoir de s'élever hors de la matrice des enfers, mais ai-je raison? Si ce n'est pas le cas nous ne sommes que des animaux comme les autres et notre seule contribution se résume juste à faire fonctionner l'équilibre de la chaîne alimentaire. Triste n'est ce pas? Ou réaliste? à toi de choisir.

N'empêche que, dans ce temps impartit que nous subissons, nous avons des choix à faire et c'est à nous de trouver la bonne voie à prendre, être un animal qui entretient une chaîne ou un être doué d'intelligence qui se nourrit d'autre chose que de viande. Je pense avoir choisi mon camp, et toi l'as tu fais?

Non ne réponds pas à cette question de suite, tu n'es pas prêt. Accumule les non sens et dans ces impasses tu trouveras peut-être une porte de sortie à force de te cogner la tête contre ses murs, léve les yeux vers le ciel, dirige ton esprit vers la lumière, ta sortie est là-haut.

En attendant de trouver cette voie, fais donc en sorte de ne pas détruire ce qui peut te sauver plus tard, car une fois l'espoir mort, il ne reste rien, le vide, le néant mais pense également que de fonder sa vie sur l'espoir, c'est comme naviguer sur un iceberg, lorsque arrive les courants chauds, il ne reste que la mer pour pleurer.

Ceci dit, tout est une question de choix et les meilleurs sont ceux qui perdurent dans le temps et qui nous aident au delà des intempéries.

lundi 30 juillet 2007

BIENVENUE A KEMET # 3 - Contact

Une nuit, un incident s'est produit, l'alerte sonnait comme une trompe de la mort, tous les prêtres accouraient vers la pyramide, complètement affolés et criant au désastre. Dans la précipitation, je n'ai pas pu voir tous les détails, mais même de loin, un homme en flamme se voit de suite, surtout lorsque ce n'est pas le seul dans ce cas. Ce qui est encore plus énigmatique et qui a attiré mon attention, c'est le fait que personne n'en parle, même pas les élèves et surtout pas les principaux intéressés, comme si rien ne s'était produit. Ce qui est sur, c'est que l'infirmerie a été longtemps occupé par les prêtres ouabou-Sekmet, ce qui veut dire que l'état de santé des malades devait être très grave et/ou dû à un excès d'Hékaou car ils ne se déplacent jamais en vain, surtout pour de simples prêtres, ce qui est encore plus suspect.

Je m'apercevais de plus en plus, à ma grande fierté, que j'étais dans un endroit hors du commun, déjà, par rapport à l'enseignement qui s'y pratiquait, ainsi que ce lieu mystérieux. Kemet est connu dans le monde entier pour sa culture et son art, mais surtout dans le domaine religieux et ésotérique. Il n'y a pas de meilleur endroit, à part peut être le pays des deux fleuves, pour apprendre à développer les dons invisibles. D'un autre côté, c'est là où je me dis combien je suis naïf, je suis loin d'être dans une cité normale, j'aurai dû m'en rendre compte de suite, mais comment apercevoir l'évidence lorsque l'on vient d'un village formé de simples huttes ? Maintenant, avec le recul, je vois d'avantage dans ces lieux et je compte bien en faire le tour pour me faire une idée dans sa totalité.

Le meilleur endroit pour une vue panoramique quasi totale est le port, surtout que c'est l'endroit le plus proche de ma résidence. Tout commence dans les eaux primordiales à Kemet, réduit à un fleuve pour seul chemin d'accès, car aucune visite impie n'est permise, mais pour ma part une barque a suffi. Ce port est suivi, par deux entrepôts qui accueillent les marchandises utiles pour notre survie et la continuité de la logique du site, une allée en pierre nous permet d'avoir un accès direct à la pyramide centrale, la vue est magnifique, un Lion vous accueille de toute sa magnificence et vous impose le respect des lieux, comme un contrat que l'étranger est obligé de passer s'il veut continuer sa route, plus loin, en suivant le chemin, des hectares de terres avec des jardins d'une beauté calculée, pas de place pour le hasard.

J'ai une vue d'ensemble superbe du haut de ce pont, je ne me souvenais point de l'étendue, des hectares entiers qui abritent des dizaines de bâtiments et sûrement plus encore vu la densité de la forêt de palmiers, je suis ébloui par le soleil reflétant sur le calcaire blanc des pyramides, qui sont, non pas au nombre de deux comme je le pensais, mais bien trois, enfin pour les plus grandes.


En me dirigeant vers la troisième pyramide, sous les palmiers, je tombais sur une petite place ronde, pourvue de bancs tout autour et d'étranges petites maisons en bois, reliées au sol via un bâton, seuls les oiseaux pouvaient y rentrer, mais une fois au centre l'atmosphère est devenue lourde et pesante et de nombreux chuchotements résonnaient dans ma tête en devenant de plus en plus perceptible jusqu'à ne laisser qu'une seule voix bien audible, "choisis, choisis moi......" ; "Honore moi, sers moi et je te guiderai" ; "si, tu sais qui je suis, ferme les yeux et tu m'apercevras". En effet, en fermant les yeux je vis un babouin à consonance bleu sur un nuage, Djehouti dans sa forme cynocéphale. "Trouve mes trois noms et tu auras toute ma connaissance". La voix et la pesanteur s'atténuérent tout doucement, laissant place aux chants des oiseaux, à nouveau, je m'assis, interloqué, presque choqué par l'événement, un Dieu m'avait choisi et ce n'est pas anodin, c'est un privilège. Mais pourquoi devrais-je faire un choix ? Pourquoi moi ?


Je rentrais de suite vers mes appartements la tête submergée de pensées, de questions diverses assez confuses, plus de motivation, plus de temps non plus pour continuer ma visite, la faim me terrassait également. Dans les couloirs, la conversation principale des autochtones était la nouvelle réforme visant à priver les prêtres de la majorité de leurs pouvoirs décisionnaires sur les décrets qui sont mis en place par Pharaon. Ce dernier est accusé de vouloir enrayer la division des cultes à son profit, si cela se produit, le Dieu vivant, fils d'amon prendra une énorme importance, ce qui réglera certains conflits d'intérêts, mais ne garantit en aucune façon l'équité et la stabilité de la justice, car ensuite il pourra faire ce que bon lui semble, sans en référer à quiconque, du moins telles sont mes positions et mes déductions à ce jour.


Le lendemain et les jours qui suivirent, je m'affairais, avec discipline, à continuer mon enseignement qui prenait une tournure plus que positive. L'écriture n'avait dorénavant plus de secrets pour moi ainsi que le ba et le ka, mais le Shout restait ma faiblesse, sûrement à cause de la peur qu'engendrait cette énergie encline au déclin et au négativisme, la pensée de me retrouver privé de mon raisonnement propre, l'émergence de la Gorgone qui est en chacun de nous, la vision et les sensations qu'inspirent ceux qui en sont possédés, toutes ces raisons ne me donnaient en aucune façon l'envie et la motivation d'aller plus loin dans ce domaine.

Mais il fallait tout de même que je passe aux exercices pratiques, mes dons naturels étaient dorénavant amplifiés par ces nouvelles théories et il arrivait quelquefois que j'use de cela, juste pour essayer. Je m entraînais au début sur mes camarades qui ne se rendaient compte de rien, je leur commandais de faire un mouvement de trop ou d'oublier leurs pensées de l'instant, je m'effaçais de leur champ de vision, me rendant du coup invisible, en les bousculant, pour bien me prouver la réussite de mon acte. Je ne m'essayais plus aux prêtres car la plupart me repéraient quasiment de suite, à cause de ma lacune effrayante qu'est le Shout, mais les résultats que j'obtenais me donnaient foi en moi et en mes capacités qui ne pourraient qu'augmenter avec le temps et quelques efforts.

Au premier mois d'hakhet, là où tombe les larmes des Dieux et que hâpy se gonfle d'orgueil, un parchemin me fut parvenu, me convoquant à une réunion extraordinaire des prêtres instructeurs, visant certainement à me tester. Une semaine m'était accordée pour m'y préparer. Durant ce temps impartit, je redoublais d'efforts, révisant à la bibliothèque, m'entraînant deux fois plus en prenant certains risques sur des personnes sensées être plus fort que mes camarades, je dormais très peu et lorsque j'y arrivais je faisait des rêves étranges, des sortes de visions mélangés à une réalité flou, ce n'était pas tant les images qui me troublaient, si bizarre quelles soient, mais les sons, plutôt les voix, la voix qui disait : "As-tu réfléchis à ma proposition?" ou "Il est maintenant temps" ou "Souviens toi, et tu sauras le choix à faire". Ce sont les quelques phrases dont je me souviens, le reste est si flou.

La semaine passa à une vitesse fulgurante, je me suis juste réservé le dernier jour pour bien me reposer et dormir plus que de raison en prenant une décoction à base de plantes de mon village natal, je me mis sur le dos, les bras croisés, en me concentrant, de manière à endormir également mon Ka et mon Ba, afin que toutes mes forces soient au maximum.

Le lendemain, je me préparais nonchalamment, calmement, avec beaucoup de lacunes, soit, mais qu' importe, je restai tout de même le meilleur des prêtres-étudiants. Après avoir frappé à la porte de la grande salle où était prévu mon entretien, la surprise me frappa de plein fouet, une vingtaine de personnes étaient assises en demi-cercle, face à un promontoire en bois laqué. Je reconnus mes instructeurs ainsi que mon Oncle mais pas les autres qui étaient masqués par capuches de lin épais noir, pourvus d'un bâton Was qui certifiait un haut rang chez les dignitaires religieux. Malgré ma surprise, je restais concentré et alerte, je m'avançais à pas tranquilles vers eux sans sourciller et les saluaient de la tête.

"Nous nous sommes réunis aujourd'hui, 1er jour du mois de Djehouti....", Ce nom résonna en moi et toutes les images vues en rêve ainsi que les paroles me revenaient en mémoires d'un seul coup, j'ai eu l'impression, un court moment de recevoir toute la lumière de Ra dans les yeux, je compris à cet instant le message mais pas le but. "... de la saison d'Akhet, dans le but de vous soumettre aux tests, ensuite, après délibération, nous jugerons bon de vous proclamer prêtre ou non". Je fis tout ce qu'on me demanda et je le réussis avec brio, même les deux ou trois choses concernant le Shout me fut facile à réaliser, j'ai eu certainement de la chance pour ce dernier, s'ils savaient qu'ils m'ont donné les seules manipulations que je savais parfaitement faire !

Les prêtres Was se levèrent et frappèrent tous de leurs bâtons, ma tête et mon esprit vacillèrent, j'étais proche de l'évanouissement, mais pourtant je ne m'effondrais pas, leurs voix me parvenaient "Setesh, Djehouti, Ousir, Oupouhaout, Hor .... choisis ton affiliation". Les visages de tous ces Dieux tournaient autour de moi en me tendant les mains, sauf Djehouti, les bras croisés, le regard fixe et autoritaire me brûlait le visage. Les paroles des prêtres Was répétaient en boucle les différents choix. "DJEHOUTI" Dis je, et son visage souris et rayonna, me disant "tu ne le regretteras pas, tu as fait le meilleur choix".

Mais pourquoi ai-je encore maintenant ce doute, le doute de ne pas avoir eu l'opportunité du choix ?

lundi 23 juillet 2007

BIENVENUE A KEMET # 2 Intronisation

Mon premier matin est dur, très éprouvant, je n'ai malheureusement pas beaucoup pu dormir à cause, sûrement, du stress de la nouveauté. Mes yeux sont lourds et mon attention vacillante. Le réveilleur me secoue et me prévient que l'intendant en chef m'attend pour un entretien visant à m'éclaircir sur le programme de mon séjour en ces lieux. J'ai peu de temps pour me préparer, alors je me motive, me lave rapidement le visage et en passant dans la salle à manger je chipe un cône pour ne pas avoir le ventre qui gronde pendant ma visite, il serait assez gênant, voir honteux que des problèmes gastriques l'interrompent.

Je frappe à la porte, une voix sombre et grave me dit d'entrer, j'hésite... Est-ce vraiment un homme qui est derrière ou un spectre en mal de sang? Je reste figé, je ne peux me décider lorsque cette même voix m'ordonne d'entrer et je m exécute comme un pantin, sans attendre.

Sa main me fait signe de m'asseoir, ce que je fis timidement car l'énergie qu'il dégage m'impose le respect ainsi que la peur : "Mais qui es tu ?" demande mon esprit au sien, pour seule réponse je n'ai droit qu'à une onde malsaine, une espèce de mur infranchissable qui me renvoie ma simple curiosité.

"Bon je n'irai pas par des détours inutiles, vous êtes ici sur la recommandation de votre Oncle qui a de grandes espérances à votre égard, nous allons pendant, le temps imparti, apprendre et combler toutes vos lacunes en ce qui concerne l'art du Ka, du Ba et du Shout. Étant donné vos dispositions naturelles, je pense que cet ordre convient assez bien, vous aurez également la possibilité d'acquérir, bien évidemment en option et sur votre temps libre, des notions d'autres arts qui ne sont pas dans vos compétences, mais qui élargiront votre culture ou du moins la renforcera. Je vous conseille les principes de l'Hekaou, qui sont dans vos attributions mais vous n'apprendrez pas la totalité, nous n'aurons pas le temps. Alors essayez de voir au maximum ce qu'il y a autour. " Dit-il simplement et froidement d'un ton sec.

Je l'écoute avec la plus grande attention car cela éveille ma curiosité, puis en même temps je ne veux pas reproduire l'erreur que j'ai faite avec mon Oncle. Je commence à m'habituer à son Shout de protection, je reprends confiance et il me met à l'aise.

"Les arts du Sébat seront un bon complément, je vous les conseille, la salle de la pyramide vous est interdite, mais vous avez la possibilité de consulter tous les parchemins qui vous sembleront utiles et/ou pertinents, sur ce, je vous libère, pour toutes questions veuillez voir vos intendants et évitez de venir me déranger. Merci. Bonne journée.".

Je pars comme je suis arrivé, une marionnette hypnotisée, la brume s'efface et la panique me gagne, ma première pensée va vers la précipitation de savoir ce que je dois faire et où je dois aller aujourd'hui. J'aurais dû lui demander, me dis-je. Euh non ! Sa dernière phrase était claire, l'intendant, il me faut trouver un des intendants. Je me hâte vers la sortie et j'en cherche un qui pourra m'aider car le stress commence à monter dangereusement.

Au coin de la porte se trouve justement l'homme qu'il me faut, espérons qu'il saura répondre à mes questions car je serais plus tranquille et serein. Il répondit positivement à mes attentes, ce fût le soulagement, en m'indiquant la prochaine étape où je me hâte d'aller. Je déambule les couloirs plus ou moins étriqués, ces artères en pierres lisses qui donnent sur des portes en bois, il y en a des centaines et elles se ressemblent toutes. J'arrive enfin à l'entrée d'une porte plus conséquente, avec en haut, une inscription sculptée désignant "l'écriture", je décide de frapper à la porte car cela ressemble à la description que m'a donné mon informateur.

Une voix me dit d'entrer et je me retrouve dans une grande pièce remplie de pupitres bas avec à chaque extrémité, une plume et de l'encre. Un homme se tient au milieu de la pièce, il me fixe, me nomme et m'invite à prendre place parmi quelques élèves très jeunes qui ne daignent même pas me regarder. Maintenant assis, l'homme s'approche, s'assied en face de moi les jambes croisées et m'explique que je ne suis pas là pour devenir scribe, mais pour parfaire à l' écriture et à la lecture du langage de Kemet afin de pouvoir bien comprendre tous les documents qui me seront amenés à consulter et de pouvoir retranscrire mes propres notes, car même si l'enseignement que je recevrai ici, est principalement oral, ce genre de savoir est primordial pour la suite des événements. Ses explications sont très concises, en quelques heures il m'explique que je viendrai le voir tous les matins, me dit que le matériel ici est très coûteux et que je dois éviter de l'abîmer inutilement, que pour l'entraînement j'ai accès à des briques mais surtout pas à des parchemins, du moins pour l'instant. Ensuite il me narre la légende de Djihouti qui descendit voir les hommes pour les instruire, je suis fasciné car les murs de cette enceinte ont la marque de cette histoire, sculptés à même la pierre et je commence à pouvoir la lire dans son ensemble, je progresse petit à petit et sûrement. Ensuite et pour finir, il en vient aux exercices pratiques, je commence ma première leçon, je suis aux anges, assidu, je m'applique car je sais maintenant que les matins seront motivants et intéressants.

Le déjeuner arrive très vite, je n'ai pas vu le temps passer et je suis très fier de moi, j'ai la tête pleine de nouvelles informations constructives et utiles. Je reprends des forces rapidement car je ne veux rien manquer de cette formidable journée, enrichissante au plus haut point.

Je me dirige donc pour mes enseignements de l'après-midi qui se portent sur le Ka, le Ba et le Shout, le prêtre-enseignant est là et nous attend tous, en consultant des parchemins qui sont sur la table en pierre, sculptée de la plume de Mâat, principalement. Ils nous explique que les 3 principes sont liés de près par le Ba qui génère les autres, et qu'il est très important de savoir le gérer sinon nous risquons de déséquilibrer nos énergies et il en résulterait des inconvénients avec le Shout car si cela est le cas, nous pouvons errer à tout jamais dans les terres arides de Setesh.

"Le Ba est comme un corps invisible qui peut se détacher à l'infini de la chair à condition qu'il y soit rattaché par un cordon, car sinon la vie s'achève. Le but pour vous n'est pas obligatoirement de le détacher des deux autres éléments, bien au contraire, pris ensemble ils sont plus forts et vous permettent de diriger votre esprit ou bon vous semble, les séparer peut être une stratégie car les possibilités sont différentes et si vous avez par exemple deux choses opposées à traiter en même temps cela peut être utile, voire bénéfique, cependant, n'essayez pas cela tant que vous n'aurez pas une maîtrise quasi parfaite du Shout, ce dernier peut s'avérer capricieux s'il n'est pas bien maîtrisé."

"Vous allez voir qu'il n'est pas aisé pour tout le monde de les manipuler, et la théorie vous semble sûrement facile, mais vous vous apercevrez vite à vos dépends que ce n'est pas le cas. A partir de demain nous allons approfondir le Ba, en voyant les applications que nous pourrons faire avec les deux autres éléments, ce sera principalement de la pratique et nous nous entraînerons ensemble, à cela, pendant les mois qui suivront."

Et c'est ce que nous fîmes..........

Mes journées passèrent ainsi, le matin j'apprenais l'art de l'écriture et les après-midi à parfaire mes dons naturels quant aux soirées, lorsque je sus suffisamment lire les parchemins sacrés, je commençais à m'intéresser aux arts du Sébat, cela me plaisait bien, tout en me permettant de combler ces heures creuses, car je ne connaissais personne et personne ne voulait me connaître, peut être avaient-ils peur de moi ou se méfiaient ? Il faut dire que de toute façon, les amitiés ne se créaient pas comme ça, mes comparses étaient froids et distants et n'imaginaient certainement pas qu'un peu de chaleur humaine pouvait aider en quoi que ce soit, l'étude était primordiale et tout le monde s'y attelait sans poser de question avec sérieux et témérité.

Cependant, tous les soirs un bruit m'intriguait, en allant vers la bibliothèque j'étais dans l'obligation de passer à côté de la pyramide centrale et j'entendais un souffle qui résonnait, bruit qui n'est pas naturel mais lorsque je me concentrais sur ce qui se passait à l'intérieur, mes sens commençaient à devenir bizarres, je percevais une force que je ne connaissais pas, terrifiante, inconcevable, mon Ka s'est replié pour se protéger, je n'étais pas à la hauteur d'une telle puissance, en plus je ne voulais pas me faire repérer, car se mêler de choses interdites n'est pas très apprécié ici, voir même dangereux pour sa santé. Mais tous les soirs je continuais mon chemin avec cette même question : "mais qu'y a t'il à l'intérieur ?".

lundi 9 juillet 2007

ROSE ou Rose?

Ce matin j'ai pensé à toi.


Non ce n'est pas vrai, ce n'est pas si rare que ça... Je t'assure.


Bon heu... Je reprends... Hum Hum, alors mes yeux se sont illuminés et j'ai eu comme un flash en forme de clair de lune magique, un lilas m'est apparu, oui exactement, mais pourquoi un lilas? C'est aussi la question que je me suis posé, c'est vraiment con un lilas quand on y pense...


Enfin... Bref !! Il était joli le lilas, tout mauve, non pas rose !!! J'ai dit mauve !!! Tu sais la couleur qui transite entre le violet et le bleu ... Oui à peu près, voila c'est cela.


Où j'en étais déjà ? Ah oui, le lilas, ben il était donc mauve et tu vois je l'ai comparé à toi parce qu'il y avait plein de clochettes et à l'intérieur, la rosée du matin perlait de toute son extase comme dans l'ivresse des jours heureux.


Comment ? Pourquoi je te compare à des cloches ? Ben, heu comme ça quoi ! Enfin j'ai trouvé ça poétique, joli et puis c'est pas important. Ben non je ne trouve pas que tu sonnes creux, bien sur que non pfffff, et le reste ça t'as pas plu? Ah quand même !

En fait je voyais surtout les petites gouttelettes qui descendaient doucement mais inexorablement vers la terre en touchant le ciel par son humidité parfumé.

Non toi t'es le lilas, t'es pas la rosée ! ... Comment ça "alors tu n'es pas parfumée ?" Mais si ! Mais bon, mais c'est pas pas ça qui compte quoi! Qu'est ce qui compte alors? Ben l'humidité parfumée c'est kawai non? Ah non? Tu te sens pas humide? Bon alors c'est quoi que tu aimes? Le rose? Tu veux dire le mauve je pense?

Bon ok, en fait j'ai pensé à toi et t'étais toute rose .... Il a pas fait très beau aujourd'hui hein?



samedi 7 juillet 2007

BIENVENUE A KEMET #1

Je suis là, les yeux dans le vide, à moitié effrayé, à moitié satisfait... j'ai réussi.

Ce corps recroquevillé, sans vie, taché du liquide pourpre de la vie, n'est pas le mien, mais celui de mon exaspération, de mon ambition, de ma trahison. Un léger courant d'air me fait tressaillir, mais je reste figé, au bord de l'évanouissement, ma tête tourne et ... je me souviens ....

Je suis né dans une terre aride, tout au sud de cette Capitale qui me traite en étranger. A l'origine je devais finir mes jours paisiblement comme mes aïeuls, à aider mes comparses à évoluer un temps soit peu, à les éduquer car la connaissance fait partie de mon patrimoine. Le destin en a décidé autrement, le destin ou la politique? Seul les dieux le savent.

En ce temps, il était facile, par le gouvernement, de se faire une place confortable à l'abri du besoin, pourvue que l'on sache manier les arcanes du savoir que les Dieux nous ont mis entre les mains, je suis un de ceux là et mon Oncle le savait parfaitement, c'est de famille il parait. Il est venu me chercher un jour, lequel? Je ne me rappelle plus, il faisait juste chaud, trop chaud pour réfléchir convenablement.

Mon oncle était de ceux qui gouvernent, qui donnent des ordres, qui régentent tout. Sa cupidité et sa soif du pouvoir l'avaient amené à dirigé un nome et il me proposait de l'y assister en tant qu' érudit de mon peuple. Il m'a flatté à raison, mais mon ego s'est enflammé et mes yeux noirs ont commencé à générer une flamme écarlate qui consumerait petit à petit la part de sagesse qui réside en mon âme.

Me voici donc, poussé par un élan sans précédent sur la route de Kemet, la route est longue, harassante et pourtant le temps passe très vite, mon esprit est centré sur les nouvelles choses que je pourrais entreprendre, que je vais instaurer, ce sera ma création, mon enfant. Mon Oncle reste impassible, apparemment il m'a tout dit, il ne souffle pratiquement aucun mot pendant le voyage, mais il est perdu également dans ses pensées, les veines saillantes de son front le trahissent, je sais à ce moment qu'il me cache quelque chose, mais je prends le choix de n'en faire cas, après tout, tout le monde à des problèmes personnels.

Ce pays est vraiment magnifique, si désertique et en même temps rempli de vie, la légende est vraie, il y a vraiment des Dieux ici, qui protègent et embellissent tous les jours les alentours. Je peux les sentir, les respirer, je les entends comme un murmure porté par le vent chaud et humide à la fois. Mon Oncle me dirige vers le palais, il me parle mais je n'entends rien, mon attention est dirigée vers ces arbres qui sont si rares dans mon village, de ces constructions gigantesques qui abritent des Monolithes vivants depuis des générations. Nous sommes ensuite conduis vers un complexe, les portes sont immenses. Mon Oncle s'éloigne, me laissant devant ce bâtiment, là, je réalise que j'aurais dû être un peu plus attentif à ses recommandations et à ses paroles sur la suite des événements, je suis perdu devant ces hommes en blanc qui m'attirent à l'intérieur.

Intronisation, c'est le seul mot que je comprends au début, apparemment je suis loin de saisir toutes les modalités de cette langue, mais bon... L'homme s'habitue à tout, et ce sera mon cas parce que je l'ai décidé. En attendant ce passage initiatique, ils me présentent mes appartements, une simple chambre avec des niches creusées dans le mur et un matelas en paille assez vétuste, posé à même le sol, pas une seule fenêtre, moi qui suis habitué à m'endormir avec les étoiles filantes, je me meurs à cet instant précis et je prie pour que mon sacrifice ne tourne pas au cauchemar. Pourtant je suis très loin de me douter de la suite des événements... oh ! Oui très loin...

REFLET du PAMPHLET

Réveil souvent prompt qui ressemble plus à une résurrection de zombie qu'à une léthargie de marmotte, pas de pied sur le sol, la position du lotus me sied mieux, la tête dans les mains, avec un ronchonnement de plainte affirmative :

- "Putain c'est quoi encore ce bruit strident dans mes oreilles, je hais le monde."

Le monde onirique n'est qu'à demi parti mais je dois faire vite, je tâtonne la sortie du brouillard, je me raccroche à la porte de la réalité et je prends ma tasse de café que je fais chauffer rapido dans une boîte à bruit.

Une gorgée, une clope, une pensée pour mon futur cancer, cinq minutes de relaxation nicotinisées et la vie commence à être moins compliquée......... Direction salle de bain.

Je m'arrête net. Y a un intrus devant moi qui me fixe.

- "t'es qui toi?"--- pas de réponse.
- "pourquoi t'es là?"--- il me fixe étonné.
- "Qui t'a donné la permission d'être là?" --- son expression se moque de moi.

C'est pas possible, j'ai dû passé dans un trou spatio-temporel, sa gueule d'ange me dit quelque chose mais je vois pas qui c'est.

- "Bon tu me réponds? on se connaît d'où? t'es muet?, t'as l'air de savoir toi --- ouais il sait, pas de doute.
- "Écoute t'es pas mon style de mec, alors casse toi, je suis pressé." --- ben voilà qu'il rigole.

Mais qu'est ce que j'ai encore fait hier soir? Il se fout de ma gueule, il dit rien, me snobe avec un rictus sur les lèvres, il me connaît c'est sûr, mais je n'aurai jamais eu l'idée de m'arrêter sur ça! Il a même pas de figure, trop pur, trop lisse, trop jeune.

- "bon ok, reste là si tu veux, j'ai une douche à prendre on en reparle ensuite"

Mes pensées me harcèlent malgré la plénitude de l'eau sur mon corps et là un doute vient à moi, il me parcourt, s'insinue, me trouble et me fige.

Non c'est pas possible, aucune chance pour que ce soit cela, je suis grand, brun, les yeux vert et je me rapproche plus du caractère infernal forgé dans les abysses que de Gabriel descendu pour la rédemption.

J'ose plus sortir de l'étreinte de mon effroi, ni de la protection de l'onde, pourtant j'y suis obligé.

Je passe un oeil derrière le rideau, et,... plus personne ... " Ouf" me dis je. Je sors de la douche, et je m'active aux derniers préparatifs, vite, j'ai déjà perdu trop de temps, je veux l'oublier et j'évite de regarder au dessus de mon lavabo ... au cas où. De toute façon j'ai le temps de régler ça, je le reverrai sûrement........................... demain.