dimanche 16 décembre 2007

Bienvenue à Kemet # 5 La fin du début

Mon Oncle avait bel et bien pris les choses en main, les réunions secrètes défilaient, réunissant plus de personnes à chaque fois. Ce soir là, nous étions au nombre de quinze personnes, ce qui fait beaucoup pour garder un secret intact, mais apparemment, toutes étaient de confiance car elles avaient un intérêt commun très important dans cette affaire, cependant, ce n'était qu'un maigre nombre par rapport à tous les partisans. Pour pallier à cette future dictature, certains avaient des idées plus ou moins saugrenues, même si quelques unes paraissaient réalisables, elles n'étaient pas efficaces, voire longues dans le temps.

Non, ce qu'il fallait, c'était une action dans les plus brefs délais qui nous apporterait une réussite rapide, complète, quelque chose qui marquerait son passage en produisant assez de dégâts pour qu'un retour en arrière soit impossible ensuite, mais vu l'entêtement de Pharaon, il ne restait malheureusement qu'une seule possibilité, car tout avait déjà été tenté grâce à la diplomatie et le blocus de la part de la prêtrise, l'écarter pour de bon de la royauté, "un accident est si vite arrivé de nos jours" disait un des partisans à l'assemblée.


Malgré cela, je ne pouvais m'en remettre au meurtre, mais avait-on le choix? Apparemment non, d'ailleurs la réunion avait pris ce tournant, en concrétisant ma peur, Djehouti le savait, il m'avait prévenu en rêve, je savais également qu'il ne me pardonnerait jamais ce manque de droiture, cela tournait dans ma tête, oui ? Non ? Que dois-je faire ? Ai-je le choix ? Pourquoi me suis-je mis dans ces problèmes ? Il faut pourtant que j'assume, alors j'inclinais la tête en signe d'approbation en ajoutant : "Je participe mais je ne serais pas l'exécuteur".

Mon Oncle nous exposa alors son plan, il était parfait, si parfait qu'on aurait cru qu'il le préparait depuis des mois, d'ailleurs c'est l'intervention d'un de ses proches qui m'enleva le doute : "lorsque tu nous à parlé de ton Neveu la première fois, je t'avoue que je n'y croyais pas, mais là je reprends espoir ...". Mon Oncle le coupa en reprenant la discussion comme si de rien ne s'était passé, trop tard j'avais entendu. Je faisais mes conclusions en repensant à cette matinée ensoleillé où il est venu, plein d'espoirs et d'ambitions, me chercher dans mon petit village, il connaissait mes aptitudes et voulait en tirer partie en m'entraînant le plus possible, puis en me positionnant correctement au sein de Pharaon, la preuve, je restais le maillon essentiel de son plan. Mes doutes étaient bel et bien fondés, j'étais dorénavant le roi des naïfs, le lion pris au piège par des filets tendus depuis des mois, je me sentis trahi mais ne dit mot comme si je n'avais rien saisi.

La nuit fût riche en rêves ou plutôt devrais-je dire en cauchemars de tous genres, je ne me souviens que des grandes lignes, avertissements de Djehouti, trahison, meurtre, sethesh, j'ai eu à un moment, l'impression de voir défiler ma vie entière ainsi que ma destinée, mais impossible de me rappeler les détails qui auraient pu m'éclaircir vraiment. Ce matin là, je me réveillais avec une envie réelle de meurtre, mais pas pour celui à qui c'était destiné, à l'abominable ventru qui croule sous l'opulence, le plaintif qui n'en a jamais assez, l'arrogant, le manipulateur qui me sert d'oncle, ma famille, mon sang, quelle bêtise de penser que ce genre de lien est une assurance de confiance, j'étais énervé, chamboulé, complètement en dehors de la réalité et la journée ne faisait que commencé car j'avais un travail à effectuer pour la mise en place du plan, enfin son plan, préparé à mon insu, exclusivement pour moi.

En premier lieu, insérer l'activation de la peur dans le Ka des serviteurs, juste avant le début de la réunion, de façon à ce qu'une foule de panique se crée, en se dirigeant vers Pharaon pour le bousculer, le mettre à terre en le piétinant, puis faire de même aux gardes pour les éloigner. Afin que tout cela ressemble à un accident, j'avais même prévu en dernier lieu, au cas où il se relèverait, qu'un serviteur plus épais que les autres lui fracasse le crâne contre un pilier en pierre, tout était parfait, du moins le pensais-je.

Le jour J arriva, je me postais derrière une des nombreuses colonnes en pierre de la salle, en attendant le spectacle, une capuche sur la tête au cas où des prêtres un peu plus forts ou rapides que la moyenne, aient le pouvoir ou le temps de me voir, avant que je puisse toucher leur Ka pour me rendre invisible à leurs yeux. J'étais serein bien que mon shout grandissait dangereusement en étant épais, écarlate, cet accroissement de puissance à ce moment, m'a rendu plus sur de moi que je ne l'étais avant.

L'attente fut longue, mais je ne perdis pas patience, Pharaon était assis sur son trône, posé à même le sol de pierre, dans une antichambre un peu à l'écart, une grande porte donnait directement dans la cour de cérémonie et une seconde un peu plus au fond, cachée à côté d'une vaste étendue de grandes et épaisses colonnes, c'était par cette voie que les serviteurs empruntaient pour faire office, également par ce passage que l'ordre de panique devait être faites.

Il était vêtu en apparat scintillant couleur or, comme à l'accoutumé des grandes cérémonies. Il était dans l'expectative, assis dans cette pièce avec des amuse-gueule, pour le faire patienter, en effet, le protocole exigeait que tous les membres du congrès soient présent avant que Pharaon ne sorte de son logis, le retard était prévu par un ami à mon Oncle, de même que les autres portes menant aux cuisines des serviteurs devaient être bloquées par un complice, de façon à ne laisser ouverte que celle menant à Pharaon.

Le glas sonna, tout se précipita, les serviteurs arrivèrent promptement en faisant un vacarme tonitruant, suivi des gardes cherchant le problème à l'extérieur, Pharaon regardait dans tous les sens, comme une girouette, sans comprendre la raison de cette agitation, il fit, comme prévu l'erreur de se lever, dés lors, la foule telle une crue torrentielle, dévala prestement de toute sa traîtrise en perdurant de sa longueur, piétinant tout sur son passage en se débarrassant des obstacles tel un aveugle en panique.
Il virevolta, retomba à terre sous le piétinement des dizaines de serviteurs qui fuyaient, j'entendis ses os rompre un à un, d'abord dans un craquement violent, puis plus sourdement.

Lorsque la meute eu fini son office, je me tournais pour visualiser son corps émietté, de façon à admirer mon art, il ne bougeait plus, alors le gros larbin passa à côté de lui sans le toucher, ce fût là mon erreur, je pensais que ce jeune roi était plus vif, mais non, il remua une minute trop tard, alors, sereinement, je me suis dirigé vers lui, en tâtant au bas de mon dos, pour attraper mon poignard de cérémonie, puis je m'agenouillai à côté de son corps meurtri, à son regard je compris qu'il était surpris de ma présence, il me supplia des yeux en m'implorant de l'aide, c'est alors qu'il aperçu le couteau s'élevant dans ma main droite, mon expression vide, dénuée de sentiments, lui fit comprendre que c'était la fin, alors, lorsque mes mains furent jointes, je l'assenai en plein coeur de ma lame à trois reprises.

Et puis plus rien, le vide absolu, comme si à ce moment précis ma mémoire avait grillé.
Alors, j'ouvre les paupières, je suis dans mon lit, les yeux rivés au plafond, m'étonnant de cette résurgence et abasourdi de la violence des derniers instants de cette histoire, vécue sûrement il y a cinq mille ans. Mon Dieu, que ces détails sont troublants, le Shout, trop puissant à certainement dû errer à côté de moi durant toutes ces années.




FIN

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