jeudi 27 décembre 2007

Confessions d'âme

En cette soirée d'hiver, je marche sereinement, le coeur léger en paix, pourtant un dysfonctionnement s'est infiltré dans l'engrenage de mon âme qui, en montant l'escalier, ne peux contenir l'acide qui coule à flot en déversant toute sa peine, alors je stoppe mon ascension et me couche net sur le rebord, de façon à attendre que l'orage passe.

Le plus gênant dans cela, c'est l'incompréhension, tout allait bien cinq minutes avant, alors je pose la question à mon fort intérieur, espérant une réponse logique, mais ... Rien, aucunes explications. Alors je me fige, impassible, velléitaire, les yeux dans les étoiles, cherchant un signe au loin pour m'apaiser un tant soit peu, mais rien ... Rien du tout.

Puis soudain, une âme bouge à côté de mon corps. Suis-je aveugle ? Je ne l'ai même pas vue, sentie, ni entendue m'accoster. Mais que fais-tu là ? Elle ne répond pas, mais déblatère sans cesse, racontant en boucle ses problèmes, son histoire en s'accrochant à moi tel un trombone à un aimant, ce sont donc tes lamentations qui m'attristent ? Apparemment, l' instinct qui t'as guidé vers moi, ne t'a pas expliqué les raisons de cette attirance. Ô Seigneur, quelle souffrance ! Comment peux-tu laisser tes agneaux dans les limbes ?

A cette révélation, l'écluse se ferme, laissant revenir l'espoir ainsi que la bonne humeur. Je la prends sous mon aile, l'invite à une table, elle m'adjoint mais n'arrête pas de parler, la communication semble impossible, pourtant je ne perds pas courage et de toute ma volonté, de ma piété, je commence mon récit, nos deux âmes communient dans une douce chaleur immaculée, alors l'âme se tait enfin, tout son désarroi disparaît dans une traînée de plumes blanches, puis sans m' en rendre compte, elle est déjà parti pour un long voyage. Sans doute a t'elle réussi à trouver la clé.

Va, va âme libre, laisse toi entraîner par la lumière, n'ai plus peur, réitère ton cycle de vie dans la continuité de ton parcours.

dimanche 16 décembre 2007

Bienvenue à Kemet # 5 La fin du début

Mon Oncle avait bel et bien pris les choses en main, les réunions secrètes défilaient, réunissant plus de personnes à chaque fois. Ce soir là, nous étions au nombre de quinze personnes, ce qui fait beaucoup pour garder un secret intact, mais apparemment, toutes étaient de confiance car elles avaient un intérêt commun très important dans cette affaire, cependant, ce n'était qu'un maigre nombre par rapport à tous les partisans. Pour pallier à cette future dictature, certains avaient des idées plus ou moins saugrenues, même si quelques unes paraissaient réalisables, elles n'étaient pas efficaces, voire longues dans le temps.

Non, ce qu'il fallait, c'était une action dans les plus brefs délais qui nous apporterait une réussite rapide, complète, quelque chose qui marquerait son passage en produisant assez de dégâts pour qu'un retour en arrière soit impossible ensuite, mais vu l'entêtement de Pharaon, il ne restait malheureusement qu'une seule possibilité, car tout avait déjà été tenté grâce à la diplomatie et le blocus de la part de la prêtrise, l'écarter pour de bon de la royauté, "un accident est si vite arrivé de nos jours" disait un des partisans à l'assemblée.


Malgré cela, je ne pouvais m'en remettre au meurtre, mais avait-on le choix? Apparemment non, d'ailleurs la réunion avait pris ce tournant, en concrétisant ma peur, Djehouti le savait, il m'avait prévenu en rêve, je savais également qu'il ne me pardonnerait jamais ce manque de droiture, cela tournait dans ma tête, oui ? Non ? Que dois-je faire ? Ai-je le choix ? Pourquoi me suis-je mis dans ces problèmes ? Il faut pourtant que j'assume, alors j'inclinais la tête en signe d'approbation en ajoutant : "Je participe mais je ne serais pas l'exécuteur".

Mon Oncle nous exposa alors son plan, il était parfait, si parfait qu'on aurait cru qu'il le préparait depuis des mois, d'ailleurs c'est l'intervention d'un de ses proches qui m'enleva le doute : "lorsque tu nous à parlé de ton Neveu la première fois, je t'avoue que je n'y croyais pas, mais là je reprends espoir ...". Mon Oncle le coupa en reprenant la discussion comme si de rien ne s'était passé, trop tard j'avais entendu. Je faisais mes conclusions en repensant à cette matinée ensoleillé où il est venu, plein d'espoirs et d'ambitions, me chercher dans mon petit village, il connaissait mes aptitudes et voulait en tirer partie en m'entraînant le plus possible, puis en me positionnant correctement au sein de Pharaon, la preuve, je restais le maillon essentiel de son plan. Mes doutes étaient bel et bien fondés, j'étais dorénavant le roi des naïfs, le lion pris au piège par des filets tendus depuis des mois, je me sentis trahi mais ne dit mot comme si je n'avais rien saisi.

La nuit fût riche en rêves ou plutôt devrais-je dire en cauchemars de tous genres, je ne me souviens que des grandes lignes, avertissements de Djehouti, trahison, meurtre, sethesh, j'ai eu à un moment, l'impression de voir défiler ma vie entière ainsi que ma destinée, mais impossible de me rappeler les détails qui auraient pu m'éclaircir vraiment. Ce matin là, je me réveillais avec une envie réelle de meurtre, mais pas pour celui à qui c'était destiné, à l'abominable ventru qui croule sous l'opulence, le plaintif qui n'en a jamais assez, l'arrogant, le manipulateur qui me sert d'oncle, ma famille, mon sang, quelle bêtise de penser que ce genre de lien est une assurance de confiance, j'étais énervé, chamboulé, complètement en dehors de la réalité et la journée ne faisait que commencé car j'avais un travail à effectuer pour la mise en place du plan, enfin son plan, préparé à mon insu, exclusivement pour moi.

En premier lieu, insérer l'activation de la peur dans le Ka des serviteurs, juste avant le début de la réunion, de façon à ce qu'une foule de panique se crée, en se dirigeant vers Pharaon pour le bousculer, le mettre à terre en le piétinant, puis faire de même aux gardes pour les éloigner. Afin que tout cela ressemble à un accident, j'avais même prévu en dernier lieu, au cas où il se relèverait, qu'un serviteur plus épais que les autres lui fracasse le crâne contre un pilier en pierre, tout était parfait, du moins le pensais-je.

Le jour J arriva, je me postais derrière une des nombreuses colonnes en pierre de la salle, en attendant le spectacle, une capuche sur la tête au cas où des prêtres un peu plus forts ou rapides que la moyenne, aient le pouvoir ou le temps de me voir, avant que je puisse toucher leur Ka pour me rendre invisible à leurs yeux. J'étais serein bien que mon shout grandissait dangereusement en étant épais, écarlate, cet accroissement de puissance à ce moment, m'a rendu plus sur de moi que je ne l'étais avant.

L'attente fut longue, mais je ne perdis pas patience, Pharaon était assis sur son trône, posé à même le sol de pierre, dans une antichambre un peu à l'écart, une grande porte donnait directement dans la cour de cérémonie et une seconde un peu plus au fond, cachée à côté d'une vaste étendue de grandes et épaisses colonnes, c'était par cette voie que les serviteurs empruntaient pour faire office, également par ce passage que l'ordre de panique devait être faites.

Il était vêtu en apparat scintillant couleur or, comme à l'accoutumé des grandes cérémonies. Il était dans l'expectative, assis dans cette pièce avec des amuse-gueule, pour le faire patienter, en effet, le protocole exigeait que tous les membres du congrès soient présent avant que Pharaon ne sorte de son logis, le retard était prévu par un ami à mon Oncle, de même que les autres portes menant aux cuisines des serviteurs devaient être bloquées par un complice, de façon à ne laisser ouverte que celle menant à Pharaon.

Le glas sonna, tout se précipita, les serviteurs arrivèrent promptement en faisant un vacarme tonitruant, suivi des gardes cherchant le problème à l'extérieur, Pharaon regardait dans tous les sens, comme une girouette, sans comprendre la raison de cette agitation, il fit, comme prévu l'erreur de se lever, dés lors, la foule telle une crue torrentielle, dévala prestement de toute sa traîtrise en perdurant de sa longueur, piétinant tout sur son passage en se débarrassant des obstacles tel un aveugle en panique.
Il virevolta, retomba à terre sous le piétinement des dizaines de serviteurs qui fuyaient, j'entendis ses os rompre un à un, d'abord dans un craquement violent, puis plus sourdement.

Lorsque la meute eu fini son office, je me tournais pour visualiser son corps émietté, de façon à admirer mon art, il ne bougeait plus, alors le gros larbin passa à côté de lui sans le toucher, ce fût là mon erreur, je pensais que ce jeune roi était plus vif, mais non, il remua une minute trop tard, alors, sereinement, je me suis dirigé vers lui, en tâtant au bas de mon dos, pour attraper mon poignard de cérémonie, puis je m'agenouillai à côté de son corps meurtri, à son regard je compris qu'il était surpris de ma présence, il me supplia des yeux en m'implorant de l'aide, c'est alors qu'il aperçu le couteau s'élevant dans ma main droite, mon expression vide, dénuée de sentiments, lui fit comprendre que c'était la fin, alors, lorsque mes mains furent jointes, je l'assenai en plein coeur de ma lame à trois reprises.

Et puis plus rien, le vide absolu, comme si à ce moment précis ma mémoire avait grillé.
Alors, j'ouvre les paupières, je suis dans mon lit, les yeux rivés au plafond, m'étonnant de cette résurgence et abasourdi de la violence des derniers instants de cette histoire, vécue sûrement il y a cinq mille ans. Mon Dieu, que ces détails sont troublants, le Shout, trop puissant à certainement dû errer à côté de moi durant toutes ces années.




FIN

samedi 8 décembre 2007

Bienvenue à Kemet # 4 Prise de position

Mon enseignement étant terminé, le Prêtre-Instructeur me donna une semaine pour finir mes préparatifs de départ et prendre mon nouveau poste auprès de mon Oncle, dans son nome.

Cependant, je ne pouvais partir sans savoir exactement ce qu'il y avait dans la grande pyramide, mais comment gruger les gardes qui sont à l'entrée ? Cela restait un problème essentiel, le seul obstacle à la réponse à ma curiosité. Je passais une nuit à réfléchir sur toutes les façons et tactiques dont je pourrais user, je pensais à me rendre invisible à leurs yeux ou les occuper quelques temps loin de l'entrée, ce qui me donnerait le temps d'entrer, mais je ne savais pas quel était leur niveau mental et il fallait absolument que je les teste. Ce que je fis le soir même, je m'approchais discrètement à quelques mètres d'eux, posté derrière un palmier et je me concentrais sur leurs Ba, tout doucement, de façon à bien peser leurs faiblesses ainsi que leur endurance. Les résultats ne furent pas concluants, ils étaient entraînés, décidément il doit vraiment y avoir quelque chose d'intéressant à l intérieur. Je battais en retraite, toutes mes tentatives sont restées vaines, forcer un peu plus m'aurait fait découvrir et ce n'était pas le but.

Dans ma misérable chambre, allongé sur la natte, je repensais, mais comment faire ? Il doit bien y avoir une solution non ? Il y en a toujours une. Soudain une voix répondit à mes questions : "Le Ka, détache ton Ka et fait le voyager dans la Pyramide, cela va pallier à tous tes problèmes." Djehouti était bien avec moi, pas de doute à avoir. Curieux de cette proposition, je me préparais, puis je m'exécutais. Mon double énergétique complet se leva, en laissant mon enveloppe corporelle dans ma chambre. C'était si facile, pourquoi n'y ai je pas pensé plus tôt?

Arrivé devant la pyramide, j'évitais de toucher les gardes qui étaient à mon avis très sensibles, évitons de donner des suspicions inutiles. Maintenant à l'intérieur, je parcourais le bâtiment pour trouver l'entrée de la grande salle, tout en traversant les murs épais, mes sens étaient tous en éveil, je suivais les traces de cette puissance, qui m'attirait à lui comme un aimant. Lorsque j'arrivais à destination, quelle ne fût pas ma surprise, j'avais en face de moi un simple échassier sur un bloc de pierre, dont une des pattes était attachée à une chaîne, reliée via un demi anneau sur la face haute de la pierre, sa seule originalité ressemblait à une espèce de longue crête sur le crâne, faite de plumes comme implantées à même la peau. Je faisais le tour de l'oiseau, perplexe et interrogatif, lui, faisait pareil de ses petits yeux effilés, il me voit ? Pensais-je.

- "Bien sur que je te vois, crois tu que ton apparence astrale peut passer inaperçu au Benou?" Sa voix était tiède dans ma tête, elle me parvenait comme une douce chaleur et emplissait le tout sans me heurter, preuve d'une maîtrise excellente du Ba.

- "Es tu un Dieu ?" Lui demandais-je.

- "Je suis ce que je suis mais rien ne se rapproche de ce que tu connais, rien dans cet univers m'est comparable, je suis unique, né avec les étoiles, je mourrai avec elles."

- "Mais que fais tu ici ? Pourquoi es tu là? Ne puis-je rien faire pour toi?

A toutes mes questions, il y répondit simplement en s'embrasant, tout en m'enserrant de ses ailes déployées, l'air crépitait de chaleur intense, due à ses flammes et je sentis une onde me parcourir, envahir mon âme, la purifier, m'enlevant toutes entraves. "Pars maintenant, ils arrivent, ne t'inquiète donc pas de mon sort, mon calvaire est bientôt fini, ils ne peuvent plus me retenir dorénavant et chéris précieusement mon offrande".

La semaine passa très vite, mais c'est quand même avec un pincement au coeur que je quittais le complexe, même si l'excitation de la nouveauté me gagnait encore une fois, après tout ces mois d'attente pour arrivée au but promis. Mon Oncle me logea chez lui, il possédait une demeure très vaste, me permettant le choix de mes appartements. Je me mettais à mes aises, rien de très folichon, la rudesse des mois précédents m'avait appris l'humilité et à n'avoir besoin que du strict nécessaire. Le premier soir, autour du repas, mon Oncle me briefa sur mon nouveau travail qui consistais juste a prendre le relais d'un temple de son nome, rien de très dur en somme. Il insista sur le fait que cela n'était qu'un tremplin pour moi et qu'il s'arrangerait pour me trouver un poste de valeur au sein même de pharaon, car il croyait en moi, et, d'après ses dire, je ne le décevrais sûrement pas. Comme pour les premiers jours de mon arrivée, il flattait la prétention de mon ego, déjà bien entamé depuis qu'il était venu me chercher.

Il me demanda également si j'étais au courant de la nouvelle tendance politique de Pharaon, réduisant le pouvoir des prêtres à son profit, je lui répondis que oui, mais sans me laisser terminer ma phrase, il continua à pester contre cette décision, qui allait contre des centaines d'années de pratiques politiques, en s'insurgeant contre cette idée de réduire les cultes à quelques uns. Ces arguments semblaient sincères, dénoués de tout avantages personnels, mais quelque chose n'était pas clair, il insistait trop, où voulait-il en venir au juste ?

Comme je le pensais, je me fis très vite au travail, simple en apparence et enrichissant dans le fond, car je pouvais enfin allier la théorie à la pratique. Mais à peine trois mois après, il vint m'annoncer mon transfert dans la capitale, sous la protection d'un de ses nombreux amis, comme promis à ma sortie du complexe. Je trouvais ce changement rapide, puis quelque chose me disait que je venais d'être pris en otage par le simoun, sans que rien ne puisse dorénavant arrêter cela.

A peine avais-je pris mes habitudes, que je devais tout refaire à nouveau, la fatigue commençait à se faire sentir mais ce n'était pas le moment de flancher, ce n'était que le début de l'aventure pour moi.

Une semaine plus tard, me voila donc installé dans le nome principal, le luxe tout autour mais pas pour les prêtres qui viennent d'arriver, peu importe, j'ai vu pire surtout par rapport à ma chambre du complexe. Tout commence pour le mieux, le premier jour se passe aux présentations des personnes importantes, de mes attributions en tant que prêtre de Djehouti ainsi que du temple que j'aurais à m'occuper. Mon travail consiste surtout aux invocations pour transmettre les prières, purifier, ainsi que visiter à domicile jusqu’aux demandes spéciales. Le plus dur pour moi sont les manipulations de l'Hekaou, bien qu'étudié je ne l'ai pas trop approfondi, mais cela reste aussi une lacune que je m'empresse de combler dans la somptueuse bibliothèque de Pharaon, prévu pour les dignitaires et prêtres supérieurs dont je fais parti maintenant.
Les réceptions et fêtes de toutes sortes afflues en permanence que ce soit de la part de mon Oncle ou celles prévues par ma fonction, c'est d'ailleurs à l'une d'elle que j'ai eu l immense honneur de rencontrer Pharaon. Toujours entouré de gardes autour de son trône, majestueux au possible avec son habit d'or, coiffé du Skhemty lui conférant le pouvoir des deux terres louées des Dieux. Sa beauté égalait sa froideur, il inclinait juste la tête pour saluer, mais ne parlait à personnes et personne n'osait l'approcher de peur de se voir refouler.

Dire que j'étais impressionné par le personnage, est très loin de la vérité, j'étais fasciné, désireux de le connaître a contrario des autres. Je n'arrêtais pas de le fixer, pourtant même ses pensées restaient secrètes, rien ne transparaissait, que de la noblesse, une vanité logique pour son rang, rien de plus. Les jours défilèrent, son visage m'obsédait, sans comprendre réellement pourquoi, j'avais l'impression d'avoir senti quelque chose, néanmoins je n'arrivais pas à accéder à l'information. Un jour, il me fit appeler dans ses appartements, il désirait lui aussi me connaître, connaître le nouvel arrivé indubitablement, me dis-je. Je fus reçu dans son jardin, royaume de mille fleurs et plantes inconnues à Kemet, sûrement importées du pays des deux fleuves.

Nous commençâmes par parler de généralités, mes fonctions, les problèmes différents au sein de la prêtrise, du pays, un peu de mon passé, cependant toujours succinctement, comme s'il ne voulait pas rentrer dans les détails, pour que son but reste invisible. Il me proposa une partie de Senet, que je refusais poliment, il insista, je lui rétorquais que je ne savais pas jouer, alors avec un sourire chaleureux et de toute sa simplicité il m'apprit. J'étais un peu gauche au début, timidité oblige, mais ses rires juvéniles m'ont vite mis à l'aise, le jeu est vite devenu un plaisir. Dés lors, je fus souvent convié à jouer avec lui, du coup, nous passâmes des moments complices.

Les réceptions de mon Oncle étaient moins solennelles, on y parlait surtout de politique, d'avenir, en buvant de la bière jusqu'à plus soif, certains même se laissaient aller à du libertinage dans les jardins, une fois la fin de soirée arrivée, il ne resta qu'un petit comité qui me donnait des nouvelles du pays, surtout par rapport à mon poste, comment cela allait évoluer, mais leurs renseignements ne semblaient pas surs, restaient même un tantinet dans l'absolu. De toutes façons ce n'était pas clair, j'aurai voulu en parler à Pharaon mais je n'osais point.

Enfin, jusqu'à ce jour, cela m'a pris en pleine partie de Senet, comme si un insecte Bit m'avais piqué : "Des rumeurs circulent en ce moment sur la réduction des postes de prêtres et du pouvoir exécutif qui leur avait été donné, qu'en est il à votre sens ?"
- "Les prêtres se servent de ce pouvoir pour assombrir le mien et m'obliger à suivre leurs mouvements, ce n'est effectivement pas une rumeur infondée" me dit-il en déplaçant nonchalamment une pièce qui me coûta la partie.

Ils avaient donc raison ces bourgeois prétentieux, obsédés par le pouvoir, la colère me prit, je le fixais avec tout mon calme habituel, pourtant à l’intérieur, la tornade avait pris mon esprit. Je n'ai jamais voulu prendre position, ni me mettre dans un camp mais cette réponse m'y oblige. "Qu'en sera-t il de mon poste ?" demandais-je.

- "Les Prêtres mineurs partiront, quant au votre ce n'est pas encore décidé, bien que le culte que vous exercez n'est pas prioritaire."

Je me levais, avec un certain malaise, m'excusa poliment pour mon départ brusque et me mis en route, sur le chemin mes pensées fusaient, mon énergie tout autour devenait de plus en plus épaisse, les gens qui me croisaient me regardaient avec étonnement. Mes réflexions étaient bel et bien très négatives. Tous ces efforts pour en arriver à une voie sans issue, à cause d'un écervelé pas plus haut que trois noix, qui à envie de laisser des traces historiques de son passage, par une réforme réductrice. Je ne me laisserai pas faire, me dis-je dans ma tête, je lutterai pour garder mon dû.
Le lendemain je fis part à mon Oncle de la discussion avec Pharaon, ce fut là sûrement mon erreur, mes doléances l'émurent énormément, puis il me proposa de rencontrer des amis à lui pour trouver une solution adéquate qui me sortirait de cette panade. Cette nuit là, je fis des rêves étranges, presque réels où tout s'entrechoquait, sans que je puisse maîtriser quoi que ce soit, des voix me parlaient, mais je n'arrivais pas à toutes les entendre avec précision, tout était confus et le réveil s'est très mal passé, le malaise continua encore toute la journée ainsi que les jours qui suivirent. Je continuais à jouer avec Pharaon, pourtant quelque chose était cassé et de cette relation prometteuse ne restait qu'une pathétique relation polie de Roi à Prêtre.

vendredi 7 décembre 2007